Le Voyage du prince de Galles dans l'Inde [French]

Le 6 d cembre 1664, Aureng-Zeb quittait Delhi pour passer un an dans les fra ches vall es du Cachemire. Il faut lire les m moires du m decin Bernier, qui nous a laiss une relation de ce voyage, pour se faire une id e des fatigues, des d lais, des embarras, des p rils m me qui taient alors l'accompagnement in vitable d'une pareille excursion. Voici qu' deux si cles de distance un futur successeur d'Aureng-Zeb sur le tr ne de l'Hindoustan a voulu visiter, non plus uniquement les plaines de l'Inde septentrionale, mais les trois faces du vaste triangle qui est devenu le domaine britannique au sud de l'Himalaya, et rien mieux que le contraste de ce nouveau voyage princier ne pourrait marquer l'intervalle qui, sur l' chelle de la civilisation, s pare l'Inde anglaise de l'Inde mogole. Ainsi, pour ne citer qu'un fait, Aureng-Zeb avait d consacrer presque deux mois et demi franchir les 150 lieues qui s parent Delhi de Lahore: ce m me trajet a co t une simple nuit au prince de Galles, qui d'ailleurs, durant les quatre mois de son s jour dans l'Inde, n'a pas parcouru moins de 12,776 kilom tres, dont la moiti en chemin de fer A la v rit , tandis que le fils de Shah-Jehan avait emmen pr s de 400,000 individus, pour assurer tant la s curit que la subsistance de l'exp dition, toute la suite du prince anglais tenait dans deux trains, et certes il s'en faut que la s ret ou le prestige de l'illustre voyageur, voire le confort de ses compagnons, aient eu souffrir de cette d rogation aux habitudes de la cour mogole. Sans doute, m me en Europe, nous ne pouvons-nous reporter de deux si cles en arri re sans constater qu'une norme am lioration s'est r alis e dans nos moyens de d placements, sous le triple rapport de la s curit , de la rapidit et de l'aisance...